L’Institut Bordet et OncoDNA participent à une recherche internationale sur le cancer
 
La société belge OncoDNA, spécialisée dans les analyses basées sur le séquençage ADN en vue d’améliorer le traitement du cancer, et l’Institut Bordet de Bruxelles ont officialisé, mercredi lors d’une conférence de presse à Charleroi, leur collaboration au sein du programme international de recherche Aurora sur le cancer du sein.

Ce programme est porté par le Breast International Group (BIG), créé en 1996 par le professeur oncologue Martine Piccart-Gebhart (Institut Bordet), dans le but de centraliser tous les efforts de recherche à travers le monde dans le domaine du cancer du sein. Il vise notamment à améliorer la compréhension de la lutte contre le cancer métastasé du sein par un screening moléculaire du génome de la tumeur du patient afin d’identifier la présence ou l’absence de mutations.

Au total, plus de 1.300 patients issus de 60 hôpitaux répartis dans 15 pays européens participeront au programme. Des échantillons de tissus seront prélevés pour la première fois à grande échelle sur des patients métastasés avec, en bout de course, l’espoir d’identifier de futurs traitements très ciblés.

La société OncoDNA participera à la recherche avec son produit Oncodeep qui devrait permettre via l’analyse d’un échantillon de matériel tumoral de fournir aux oncologues des informations médicales précises dans des délais courts. «Cette innovation médicale est basée sur le séquençage ADN nouvelle génération et l’analyse de l’expression et de l’activité de protéines clefs. Elle permettra de fournir aux professionnels des interprétations cliniquement pertinentes des tumeurs des patients», explique OncoDNA.

Depuis le lancement du produit en mai 2013, la société a vendu 400 tests pour un chiffre d’affaires d’environ 400.000 euros (990 euros l’unité). «Environ 10 à 15% des Oncodeep ont été vendus en Belgique», a précisé le CEO de la société Jean-Pol Detiffe.
La participation d’OncoDNA au programme prévoit l’utilisation de 4.000 tests pour un budget de 5 millions d’euros.

Martine Piccart : « Le cancer du sein ne disparaîtra pas mais aider la recherche c’est aider à ce qu’il ne tue plus »
E.W. Publié le jeudi 01 octobre 2015 à 09h44 – Mis à jour le jeudi 01 octobre 2015 à 14h22

Une grande fête le 4 octobre avec des ateliers tous azimuts, un focus sur une étude internationale visant à aider les femmes ayant ou ayant eu un cancer du sein à avoir un bébé : BIG, l’association lancée par le professeur oncologue Martine Piccart pour lutter contre le cancer du sein est toujours plus dynamique. Interview.

Martine Piccart est une tigresse. Cela ne saute pas aux yeux à la voir, élégante et souriante derrière son bureau couvert de dossiers. Mais la Chef du Service de Médecine à l’Institut Jules Bordet et professeur en oncologie à l’Université Libre de Bruxelles se bat avec une détermination sans faille depuis de longues années contre le cancer du sein. Elle est la cofondatrice et la présidente de l’association ‘BIG against breast cancer’. Elle a joué un rôle actif dans le développement de nouveaux médicaments et traitements anticancéreux. En 2013, elle a reçu une des plus prestigieuses reconnaissances récompensant les oncologues ayant contribué de façon remarquable à la recherche contre le cancer : le prix David A. Karnofsky, devenant la 2e non Américaine et la 4e femme à recevoir ce prix.

En ce mois d’Octobre Rose, dédié à mettre en lumière la lutte contre le cancer du sein, l’un des plus complexes qui touchent les femmes, elle nous dresse un état des lieux de la recherche contre le cancer et présente les deux grandes actions de BIG destinées à regrouper, informer le public et à générer des fonds qui seront très bien employés.

Est-ce que l’on est sûr qu’un jour ou l’autre, on pourra soigner tous les cancers du sein ?
Non, je ne le pense pas… Malgré toutes les avancées formidables que l’on peut constater aujourd’hui, la maladie est tellement complexe, elle recouvre tellement d’entités différentes qu’il est malheureusement impossible de prédire une éradication totale du cancer du sein. Et notre style de vie en constante évolution complexifie encore les choses. Un seul exemple représentatif : le corps des femmes est fait pour avoir un premier enfant à 14 ans, avec un fonctionnement de la glande mammaire durant 2 ans. Or, on a constaté que « l’activation » de cette glande mammaire au plus tôt était une protection contre le cancer. Aujourd’hui, les femmes sont plus actives, elles allaitent peu ou pas, elles prennent la pilule contraceptive, … Notre corps n’est plus en tout à fait en phase avec nos comportement sociaux.

Il y a plus de cancers qu’auparavant.
Oui ! On les soigne mieux mais il y en a plus. Cela est dû au vieillissement de la population aussi. Le taux de cancer augmente comparativement à celui des maladies cardio-vasculaires et des maladies infectieuses car les progrès pour agir contre ces maladies ont été importants. Les grands fléaux du XXIe siècle sont le cancer et les maladies neuro-dégénératives.
On ne va pas se débarrasser du cancer, et certainement pas de celui du sein. Mais heureusement, les progrès dans les diagnostics sont bien réels. Et plus un cancer est pris de manière précoce, plus il a de chances d’être guéri.

Les programmes de recherche fondamentale sont tout de même conséquents.
Bien sûr ! Mais ce qui est très frustrant, c’est la fragmentation des efforts et la duplication des programmes de recherche au niveau international. C’est tellement difficile d’avoir une vision panoramique de l’ensemble des travaux en cours. Et d’autre part, c’est presque une gageure de lever des fonds pour des recherches de labo car, il n’y a rien à faire, les gens ne s’identifient pas à un travail dans des éprouvettes, aussi importants soit-il. C’est l’objectif de BIG : essayer de coordonner les recherches et lever des fonds auprès du public en organisant des événements conviviaux autour de missions pratiques en relation directe avec les patientes.

Cette année, qu’organise BIG pour octobre Rose ?
Les deux campagnes du mois d’octobre, le mois consacré à la sensibilisation au cancer du sein, sont consacrées l’une aux projets de grossesse de patientes qui ont eu un cancer et l’autre à soutenir des recherches pour une meilleure compréhension de la récidive du cancer du sein.
« BIG Time for Baby » est une étude internationale qui a été lancé en octobre 2014 et qui veut donner la preuve irréfutable que l’on peut interrompre pendant 2 ans le traitement d’hormonothérapie qui doit durer 5 ans pour concevoir un bébé. Nous organisons à Bruxelles une BIG Garden Party le 4 octobre prochain. Un événement festif important, ouvert à tous !

Vous êtes très impliquée dans ce combat contre le cancer et le bon fonctionnement de BIG. Mais qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur en ce moment ? Quelle est l’urgence selon vous ?
Il y en a tellement ! Mais pour l’instant, je mets beaucoup de mon énergie dans la coordination du programme « Metastasic Breast Cancer GPS » qui cherche à mieux comprendre les récidives du cancer par métastases. Actuellement approximativement 1 cancer du sein sur trois métastases, c’est à dire que les cellules cancéreuses gagnent une autre partie du corps. Dans ce domaine, on sait peu de choses et cela fait près de 30 ans qu’il n’y a pas eu de recherches sur ce sujet. C’est un programme extrêmement ambitieux où l’on a recours au séquençage du matériel génétique de la tumeur pour pouvoir suivre son parcours en quelque sorte. C’est un programme qui a un prix : 25 millions d’euros. Nous avons 10 millions d’euros de fonds américains, 1,5 million provient d’une fondation luxembourgeoise et 800 000 euros environ de fonds divers et de donations. Il faut encore et toujours continuer : c’est crucial, c’est là tout près… mais nous avons besoin d’aide pour aider au mieux toutes les femmes qui ont un cancer, et toutes celles qui vont être touchées dans le futur.