Des nouveautés pour l’aide au diagnostic pour une détection plus précise du cancer du sein et pour les traitements complémentaires.

I – Une meilleure technique radiologique par la tomosynthèse.

II – Une irradiation unique en cours d’opération chirurgicale.

 

I – LA TOMOSYNTHESE

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Cette technique d’acquisition en trois dimensions pourrait remplacer les clichés mammographiques en deux dimensions. C’est la conclusion de trois études internationales présentées lors des JFR.

En ouverture des Journées Françaises de Radiologie (JFR), le 18 octobre 2013 à Paris, Patrice Taourel, coordonnateur du service d’imagerie médicale au CHU Lapeyronie de Montpellier, a présenté un véritable plaidoyer pour que la tomosynthèse s’intègre dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein.

Coupes mammaires

« La mammographie a des performances moyennes tant en termes de sensibilité – au maximum de 75% – que de spécificité, avec un risque cumulé de faux positifs de près de 50% après dix mammographies », explique-t-il. La tomosynthèse permet d’obtenir des coupes mammaires en trois dimensions (3D) et offre, d’après le radiologue, plusieurs avantages : elle s’affranchit des structures parenchymateuses de voisinage siégeant au contact d’un cancer et pouvant le masquer, et négative les pseudo-images de cancer engendrées par la superposition de plusieurs structures normales. En outre, l’acquisition est réalisée de la même manière et dans le même temps que l’acquisition en deux dimensions (2D).

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En première intention

Les bénéfices de la tomosynthèse en deuxième intention après le dépistage sont connus. Il a été démontré que cette technique permet de mieux préciser et analyser les contours d’une lésion potentielle en mammographie, de l’infirmer ou de la confirmer. « Elle est particulièrement utile dans les distorsions architecturales », précise Patrice Taourel. Trois études montrent maintenant l’intérêt de cette tomosynthèse en première intention, en remplacement des clichés traditionnels 2D : une norvégienne, une italienne et une nord-américaine. Les résultats, d’après le radiologique, sont concordants : le nombre de cancers du sein détectés est multiplié par un facteur allant de 1,25 à 1,5, et le taux de rappel diminue d’environ 15%. En outre, la spécificité de l’examen apparaît meilleure que la mammographie 2D.

Cette technique permet de réduire le nombre des clichés complémentaires (agrandissement, clichés centrés) et donc de réduire la dose de rayons – le rapport bénéfice-risque en terme d’irradiation est donc positif.

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II  –  REVOLUTION POUR 50% DES CANCERS DU SEIN :

CHIRURGIE ET RADIOTHERAPIE EN 1 HEURE !

Réduire 3 à 6 semaines de radiothérapie à une unique séance, ce n’est plus de la science-fiction. C’est la prouesse du « Mobetron ». 

Une avancée cruciale pour beaucoup de patientes.

Il y a 10 ans, on en rêvait sans y croire. Aujourd’hui, l’appareil capable d’épargner à près de la moitié des patientes les allers-retours quotidiens vers un centre de radiothérapie existe bel et bien. Il est déjà en activité à Bruxelles, où l’Institut Jules Bordet a acquis un exemplaire de ce « robot » révolutionnaire. Pour la qualité de vie après l’intervention chirurgicale, l’avancée est essentielle. Car le programme serré des séances est problématique pour les femmes ayant des enfants, une profession, des difficultés à se déplacer …

Avec le Mobetron, elles peuvent rentrer chez elles le lendemain de l’opération !

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UN OUTIL ULTRA PRECIS

Comme les dispositifs classiques, cet appareil de radiothérapie a pour but d’éradiquer les éventuelles cellules tumorales persistantes après la chirurgie. 

La différence : mobile, blindé et « léger » (1,5 tonne), il est conçu de manière à être utilisé au cœur même du bloc opératoire. Le chirurgien prélève la tumeur et immédiatement après, l’irradiation peut commencer. La peau est écartée, le poumon protégé par une plaque métallique, l’appareil enclenché.

Via un cône de 3 à 10 cm de diamètre, le Mobetron s’approche et délivre la dose nécessaire : un fin faisceau d’électrons accélérés. Ceux-ci sont concentrés directement sur la partie du sein atteinte et aussitôt absorbés. La peau est refermée : le traitement aura duré 1 à 2 minutes !

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LES AVANTAGES DE LA TECHNIQUE

Le progrès thérapeutique, considérable selon les oncologues, est aussi au rendez-vous.

Un contrôle local accru du « lit tumoral » : la zone – dans la majorité des cas – la plus à risque de récidives. Des premières études y ont montré un risque de récidive réduit à 2% contre 5 à 10% avec les techniques de radiothérapie conventionnelle ! On diminue ainsi de 20% le taux de récidive à 5 ans et de 5% la mortalité à 15 ans.

Le résultat esthétique à long terme est meilleur puisque la peau n’est pas irradiée. Il n’y a pas davantage de risque d’irradier le cœur ou les poumons.

Cet appareil très précis fait envisager des applications à d’autres pathologies cancéreuses : ORL, digestives et gynécologiques où il serait possible de traiter les tissus de tumeurs inextricables.

QUI PEUT EN BENEFICIER ?

Les patientes ayant une tumeur de petite taille (moins de 2 cm), en un seul foyer et sans envahissement ganglionnaire (vérifié par l’analyse du « ganglion sentinelle » durant l’opération).

Ces critères « Mobetron » correspondent aujourd’hui à 50% des cancers du sein en Europe. S’ils ne sont pas tous réunis, on peut encore dans la plupart des cas délivrer une partie de la dose et réduire le nombre des séances de radiothérapie classique.

Et pour les autres ? Rappelons que le dépistage croissant, la spécialisation des radiologues sénologues et les importants progrès thérapeutiques de ces dernières années augmentent considérablement les chances de guérison et la possibilité de chirurgie conservatrice.

Interview de Catherine Malaise

Professeur J.M. NOGARET

Chirurgie mammo pelvienne

Clinique du sein de l’Institut Bordet à Bruxelles

Centres de Radiothérapie en Belgique équipés du MOBETRON :

Institut Bordet – Bruxelles

Hôpital Saint Vincent – Anvers

CHU – Tivoli

AZ Groeninge – Courtrai