Article du site  |  Par Sandra Lorenzo

Lili est vivante. Certes, elle a perdu son carré et sa frange bruns dans la bataille mais elle parle vite, fort et rit beaucoup. Il y a un an, en février 2014, la vie de Lili a basculé. À 29 ans, on lui a diagnostiqué un cancer du sein. C’était le jour de la Saint-Valentin, Lili s’en souvient comme si c’était hier puisque, ce jour-là, elle n’écoute pas un mot de ce que lui raconte son médecin. Un cancer du sein avant trente ans? Impossible! Un an plus tard presque jour pour jour, cette Française installée à Montréal sort ce jeudi 5 mars une bande-dessinée très drôle sur son combat contre le cancer, La guerre des tétons.

Préparez vos mouchoirs? Pas vraiment, Lili est là pour dédramatiser. Au départ, il s’agit de l’annoncer au reste du monde. « Les personnes les plus proches, tu leur annonces de vive voix, raconte-t-elle, interrogée par Le HuffPost. Et, quand tu l’as dit à dix personnes, tu commences à fatiguer. Toi, tu rends bien compte que tu as le cancer. Mais, les gens en face, il faut les consoler et ça devient un peu lourd. Alors, je me suis dit que plutôt de leur annoncer comme ça, j’allais leur expliquer la façon dont je voulais qu’ils me traitent. Je me suis mise à dessiner avec de la couleur et des paillettes ». Ses premiers dessins rencontrent un vif succès auprès de son entourage qui les diffuse à son tour.

Quand Lili pèse le pour et le contre de son cancer qu’elle a surnommé Günther :

Que faire quand on n’a plus de téton sur le sein? Est-ce qu’un sein en moins, c’est de la féminité en moins? Est-ce que l’autre personne se force à rester? Comment ça fait de vivre en sachant qu’on a un cancer qui « pousse » au milieu de son sein? Comment lutter contre sa peur des seringues? Quelle culotte mettre pour le jour de l’opération?

Toutes ces questions plus ou moins sérieuses auxquelles on n’avait pas forcément pensé, Lili essaie d’y apporter une réponse. Vulgariser, voici aussi le but de Lili Sohn. Et l’objectif est réussi grâce à son humour et à son trait de crayon qui fait penser à celui de Margaux Motin ou de Pénélope Bagieu, deux dessinatrices que la trentenaire apprécie. « Mon objectif principal, c’est que les lecteurs comprennent rapidement ce que je veux dire donc j’ai choisi un trait clair pour aller droit au but. » Résultat, la jeune femme a été contactée par des spécialistes pour dessiner d’autres ouvrages de vulgarisation.

Quand Lili explique le cancer pour les nuls :

Cet ouvrage lui aura aussi permis de créer une petite communauté autour d’elle, avec ou sans cancer. « Le cancer en fait, ça concerne tout le monde », s’étonne-t-elle encore.

Aujourd’hui, Lili doit encore suivre un traitement jusqu’en juillet ensuite, elle reprendra son travail de graphiste dans les jeux vidéos à Ubisoft et publiera en octobre le deuxième tome de ses aventures.