Eva, la nouvelle arme à armatures pour prévenir le cancer
Hélène Bernard Publié le 9 mai 2017

75% des cancers du sein apparaissent après l’âge de 50 ans.
Imaginé et créé par Julián Ríos Cantú, jeune mexicain de 18 ans, « Eva » est un soutien-gorge qui est capable de détecter les premiers signes du cancer du sein.

C’est à l’âge de treize ans que le jeune Julián commence à travailler sur Eva. À cette époque, sa mère remporte de justesse son deuxième combat contre le cancer du sein, mais se voit néanmoins contrainte de subir une double mastectomie. Spectateur de cette lutte, le jeune garçon se rend rapidement compte de l’importance d’un diagnostic anticipé. Lui vient alors l’idée d’inventer un soutien-gorge capable de détecter les premiers symptômes de la maladie, grâce à des capteurs intégrés.
Quand les seins chantent contre le cancer
Cette méthode, moins invasive que les tests de dépistage classiques, permettrait aux femmes de vérifier régulièrement si tout va bien.
Une prix pour aller de l’avant
À 17 ans, Julián Ríos Cantú décide de créer avec trois amis la compagnie Higia Technologies pour confectionner les soutiens-gorges Eva. Ce 29 avril dernier, désormais agé de 18 ans, le jeune mexicain a gagné le premier prix du Global Student Entrepreneur Awards, un concours international qui récompense les étudiants entrepreneurs du monde entier. D’ici peu, son produit sera étudié par les autorités sanitaires et peut-être bien commercialisé.
Des seins connectés :
Le soutien-gorge est muni de 200 capteurs. À travers ceux-ci, Eva peut analyser la température, la texture et la couleur de la peau afin de déceler toute anomalie.
La femme doit porter le soutien-gorge entre 60 et et 90 minutes par semaine pour obtenir des mesures régulières qui puissent révéler une éventuelle altération de son état. Ainsi si la chaleur augmente sensiblement, cela signifie que le débit sanguin est plus important, et donc que les vaisseaux « alimentent » quelque chose, par exemple des cellules cancéreuses.
Toutes les informations récoltées par le soutien-gorge sont ensuite envoyées par bluetooth sur une application, qui analyse les données grâce à un algorithme. Le diagnostic est finalement envoyé à la propriétaire du soutien-gorge ainsi qu’à son oncologue.
« Une grande avancée dans le diagnostic du cancer du sein »
Ce soutien-gorge n’est pas destiné à se substituer, à terme, à la mammographie, insiste son créateur. Il pourrait en revanche servir de moyen supplémentaire pour détecter le cancer du sein, le plus fréquent chez la femme en France, et qui cause encore près de 12.000 décès par an.
D’après Cynthia Villarreal, docteur au département d’oncologie de l’institut national de cancérologie de México, ce soutien-gorge est « un projet très innovant, qui permettra certainement une grande avancée dans le diagnostic du cancer du sein ». « Il permettra aux femmes de détecter des anomalies qui ne sont pas nécessairement faciles à détecter lors des palpations », estime-t-elle.
Cette technologie avait déjà été imaginée par la firme First Warning Systems en 2012. Mais le groupe a fait face à des difficultés pour assurer le développement de son soutien-gorge, et revu son projet: elle prévoit désormais de créer un plus petit outil, semblable à une clé USB, que les femmes pourraient insérer dans n’importe lequel de leur soutiens-gorge pour récolter les données.
Julián Ríos Cantú et son équipe, eux, ont reçu un chèque de 20.000 dollars (plus de 18.300 euros) pour développer leur soutien-gorge, actuellement toujours à l’essai. Mais nul doute que le jeune étudiant concrétisera son projet, à en croire son compte Instagram…
En Belgique, selon les chiffres de la Fondation contre le cancer, c’est plus de 9 000 nouveaux cas de cancer du sein qui se manifestent chaque année. En moyenne, une femme sur neuf sera atteinte d’un cancer du sein avant l’âge de 75 ans. Dans 76% des cas, les femmes guérissent, mais souvent elles doivent subir une ablation mammaire.

Même si la maladie est vaincue, elle laisse souvent des séquelles tant physiques que mentales. Eva, bien qu’il ne remplacera jamais une mammographie, pourrait peut-être bientôt détecter plus rapidement les signes du cancer, et rassurer celles qui sont déjà passées par là.