Cancer : la nourriture industrielle à risque

Par Anne-Laure Lebrun, le 15/02/2018

 

Une étude portant sur 105.000 personnes pendant huit ans pointe du doigt les aliments « ultra-transformés ».

Bonbons, pizza surgelée, sauce ketchup, soda… Depuis les années 1980, les produits de l’industrie agroalimentaire inondent les rayons de nos supermarchés. Une avalanche d’aliments trop salés, trop gras et trop sucrés suspectés aujourd’hui de favoriser le développement des cancers. Dans le Bristish Medical Journal (BMJ), des chercheurs français suggèrent pour la première fois un lien entre la consommation de ces produits ultra-transformés et l’apparition de tumeurs cancéreuses.

Le concept nutritionnel d’«aliment ultra-transformé», apparu en 2009, désigne les aliments, produits par les industriels, contenant des additifs alimentaires (édulcorants, colorants, conservateurs…). « Ces denrées sont plus hyperglycémiantes et caloriques que les autres, mais aussi moins rassasiantes », décrit le Dr Anthony Fardet, chercheur au sein de l’unité de nutrition humaine de l’Institut national de recherche agronomique (Inra), qui n’a pas participé à l’article du BMJ. « Des propriétés qui font le lit du diabète, de l’obésité ou encore de la stéatose hépatique (surnommée “la maladie du foie gras”, NDLR). »

Une augmentation de 10 % de la portion d’aliments ultra-transformés (charcuterie, barres chocolatées…) dans le régime alimentaire est associée à une hausse de 12 % des risques de développer un cancer

S’agissant du cancer, la littérature scientifique montre chez l’animal que ces aliments industriels ont des effets cancérogènes. Pour étudier l’impact chez l’homme, l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren), en partenariat avec l’Inserm et l’Inra, a analysé dans l’article scientifique, les habitudes alimentaires de 105.000 volontaires de la cohorte NutriNet-Santé, âgés en moyenne de 42 ans, dont 78 % de femmes. Au cours des huit ans de suivi, plus de 2200 cas de cancers ont été diagnostiqués, dont 739 cas de cancer du sein et 281 du cancer de la prostate.

Il ressort qu’une augmentation de 10 % de la portion d’aliments ultra-transformés (charcuterie, barres chocolatées, soupes…) dans le régime alimentaire est associée à une hausse de 12 % des risques de développer un cancer, et en particulier un cancer du sein. « Une tendance similaire est observée pour le cancer colorectal. Néanmoins, en raison du faible nombre de cas dans notre cohorte, nos résultats ne sont pas significatifs pour ce cancer », précise Bernard Srour, chercheur au sein de l’Eren. À l’inverse, les participants qui consomment davantage de produits bruts par rapport aux aliments ultra-transformés ont un risque de cancer réduit de 9 %.

Pour cerner uniquement le rôle de l’alimentation ultra-transformée, les chercheurs ont pris en compte le niveau d’étude, la consommation de tabac et d’alcool des volontaires ainsi que leur niveau d’activité physique. Ils soulignent que la cohorte est majoritairement féminine et a un niveau socio-économique élevé. « Or on sait que ces profils se préoccupent plus de leur alimentation. De ce fait, on peut imaginer que dans la population générale, la consommation de ces produits industriels est plus élevée et que le risque de cancer est lui aussi plus important », relève le Dr Fardet.

« J’ai la conviction profonde que nous avons suffisamment de preuves pour mettre en garde la population des risques de ces aliments et appliquer le principe de précaution »

Anthony Fardet, auteur de « Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons vrai »

D’après les chercheurs, la moins bonne qualité nutritionnelle de ces aliments n’est pas le seul facteur impliqué dans cette relation. « Il se peut que les additifs alimentaires, les produits néoformés à la cuisson ou même les substances contenues dans les emballages, comme le bisphénol A, interviennent dans le processus », indique Bernard Srour. Son équipe va d’ailleurs évaluer l’impact des additifs alimentaires lors d’une prochaine d’étude. Ces substances ont, en effet, été mises en cause à plusieurs reprises ces derniers mois : les nitrites dans le jambon ou le dioxyde de titane, sous forme de nanoparticules, présent dans les biscuits. Ces produits ultra-transformés favoriseraient l’apparition de lésions cancéreuses chez l’animal.

En attendant que le coupable soit désigné, Anthony Fardet estime que ces travaux jettent un pavé dans la mare. « J’ai la conviction profonde que nous avons suffisamment de preuves pour mettre en garde la population des risques de ces aliments et appliquer le principe de précaution », affirme l’auteur de Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons vrai (Éditions Thierry Souccar). Selon l’étude NutriNet-Santé, près de 36 % des calories ingérées par les Français sont issues d’aliments produits par l’industrie agroalimentaire. « C’est énorme. Il ne faut pas qu’ils deviennent la base de l’alimentation. Ils ne devraient représenter qu’à peine 15 %, soit 2 portions par jour », ajoute ce spécialiste, qui précise que manger du pop-corn au cinéma ou un paquet de chips un soir est sans danger.

Pour les auteurs, ces travaux rejoignent les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). Actualisé il y a peu, il recommande de privilégier les aliments peu raffinés (riz complet ou semi-complet par exemple) et de limiter la consommation de produits ultra-transformés.

Aliments anti-cancer : la prévention dans l’assiette

Par Sylvia Vaisman, le 24/11/2017

cancer et alimentation

Le contenu de nos assiettes peut constituer une arme efficace pour prévenir le développement de tumeurs malignes, à condition de faire la part belle aux aliments dotés de vertus anticancer. Conseils à suivre pour vos prochaines listes de course.

« La majorité des cancers ne s’explique pas par la génétique ou le vieillissement, mais résulte d’un mode de vie inadéquate », estime le Pr Richard Béliveau, chercheur en médecine préventive à l’Université de Québec et auteur de « Les aliments anticancer » (éd. Flammarion).

À commencer par l’alimentation. 20% des cancers sont en effet directement imputables à ce que nous mangeons.

Cancer : les aliments protecteurs

Il faudrait donc limiter la consommation d’aliments à risque, comme la charcuterie et la viande rouge, considérées par l’OMS comme « cancérogènes probables ». Et adopter des modes de cuisson douce car les fritures et le barbecue génèrent des composés toxiques, inducteurs de cancers.

Attention, il n’existe pas d’aliments miracles capables d’écarter tous les risques. Mais certains recèlent des actifs qui freinent l’apparition et le développement des tumeurs.

Autant en tirer profit.

  • Choux et brocoli

Grâce à leur richesse en vitamine C et bêta-carotène, ces légumes sont très antioxydants. Ils s’opposent aux méfaits des radicaux libres qui peuvent induire des mutations cellulaires et donner ainsi naissance à des cancers.

Ils recèlent en outre beaucoup de glucosinolates qui sont libérés lors de la mastication et « accélèrent l’élimination par l’organisme des substances cancérigènes, tels que le benzène », précise la nutritionniste Véronique Liégeois*.

Ces derniers freinent également la prolifération des cellules malignes, surtout au niveau du poumon, du sein, de la prostate et de la vessie. Pour ne pas dénaturer leurs composants protecteurs, faites-les cuire al dente en cocotte ou à la vapeur.

  • Tomate, ail et oignon

La tomate recèle un pigment spécifique précieux – le lycopène – qui amenuise l’action des molécules responsables de la croissance tumorale. En la mettant régulièrement à son menu, on éloigne le spectre du cancer de l’estomac, du pancréas et du côlon.

Mais contrairement aux idées reçues, mieux vaut la manger cuite que crue dans la mesure où la chaleur détruit les parois des cellules végétales et libère le lycopène emprisonné à l’intérieur, ce qui le rend davantage disponible.

Et avec un petit filet d’huile d’olive, il est encore mieux absorbé par l’intestin. L’ail et l’oignon sont quant à eux de formidables sources de sélénium, un minéral qui jugule les radicaux libres émis dans la peau suite à une exposition au soleil.

Ils renferment en outre de l’allicine, un composé sulfuré qui entrave le développement des cancers de la gorge, de l’œsophage et de l’ovaire. Il diminue aussi de 30% le risque de cancer colorectal et de 50% celui de l’estomac.

  • Thé vert

Comme il libère énormément de polyphénols (400 mg environ par tasse selon l’Agence nationale de l’Alimentation), il s’affirme comme la boisson la plus antioxydante qui soit.

L’un d’eux – l’épigallocatéchine – est particulièrement efficace : il favorise l’autodestruction des cellules cancéreuses.

Plusieurs études ont notamment prouvé que le thé vert baisse ainsi le risque de cancer de la bouche et de la gorge.

Optez si possible pour du thé vert japonais car il est mieux pourvu en catéchine. Faites infuser les feuilles au moins 5 minutes dans une eau frémissante, mais non bouillante.

Le thé blanc est aussi bien pourvu en épigallocatéchines. Laissez-le infuser 15 minutes pour recueillir le maximum de bienfaits.

  • Grenade et fruits rouges

Ces super-aliments délicatement acidulés regorgent de vitamines et de polyphénols puissants – acide ellagique notamment – « qui leur confèrent des pouvoirs antioxydants 3 fois supérieurs à celui du vin rouge« , affirme le Dr Richard Belliveau. Ils contiennent aussi des tanins qui ralentissent la progression des cancers en neutralisant la formation des vaisseaux sanguins susceptibles de les alimenter.

Leur efficacité a été prouvée sur les cancers de la prostate, du sein, du côlon et certains cancers des poumons. La grenade, la myrtille, le cassis et la framboise se hissent ainsi au palmarès des végétaux les plus anticancéreux.

Préférez-les frais, surgelés ou bien en jus 100% fruits, sans additif ajoutés.

Les bons gestes à adopter en cuisine

  • Supprimer le plus possible les graisses animales saturées de son alimentation ainsi que les produits transformés (plats préparés) et ceux trop sucrés.
  • Privilégier les aliments bios, de saison et de proximité (la traçabilité de ces derniers doit toujours être vérifiable).
  • Pour la viande, consommer de la viande blanche comme les volailles (ne pas manger la peau), ou le porc (à condition de retirer les parties graisseuses). Minimiser la charcuterie et la viande rouge (3 portions/semaine maximum) et ne jamais la faire griller.
  • Côté poisson, prendre garde à bien choisir des animaux pêchés dans la nature et non issus d’un élevage. Le hareng, la sardine, la morue ou encore le maquereau sont de très bons exemples.
  • Ne pas se fier aux margarines portant la mention « riche en oméga 3 » mais choisir des aliments qui en sont fortement dotés naturellement comme les graines de lin par exemple.
  • Plus généralement, appliquer les principes du régime crétois à la lettre.
  • Prendre garde aux perturbateurs endocriniens présents dans le matériel fréquemment utilisé en cuisine. Ne plus se servir de film plastique pour recouvrir les plats et ne plus conserver et faire réchauffer ces derniers dans des boites en plastiques. Préférer les récipients en verre ou en céramique.
  • Pour la cuisson, opter pour des poêles en inox et éviter celles dont le revêtement est en téflon, surtout si celui-ci est abimé.
  • Ne pas utiliser des lingettes imbibées pour nettoyer son réfrigérateur mais utiliser simplement de l’eau et du savon.

Cancer du sein : l’alimentation peut-elle prévenir la maladie ?

cuisine anti cancer

Consultez la vidéo du Pr Khayat en cliquant sur le lien suivant :